» Il n’est pas de douleur que le sommeil ne sache vaincre. »
HONORÉ DE BALZAC

Le sommeil est présent chez tous les mammifères et il semble indispensable pour la récupération. Il maintien de nombreuses fonctions physiologiques, un équilibre physique et psychique. Il fait partie du cycle circadien : éveil et sommeil. Il représente 1/3 de notre vie.

La privation prolongée de sommeil peut être dévastatrice : au bout de trois semaines, une psychose peut se déclencher et, la mort subvenir au bout de trois mois.

Il est, avec les rêves, incontrôlable et symbolique pour certains. Il reste un mystère car il est, dès lors que nous n’avons plus de filtre, un accès avec l’inconscient et nos archétypes.

Sur le plan symbolique, la perte de la capacité à dormir pourrait être assimilée à une insécurité porteuse de peurs qui ne nous permettraient pas de nous abandonner. Être vulnérable. Le mental hyperactif reste dans le contrôle de ne pas se laisser aller à l’inconnu. Sentiment de se sentir menacé, état d’hypervigilance.

Objectifs physiologiques du sommeil :

  • Il nous libère de la fatigue.
  • Le sommeil réduit le métabolisme et préserve l’énergie (rôle homéostasique). La température corporelle s’abaisse autour de 36°C durant la nuit.
  • Le sommeil lent reconstitue les réserves d’énergie sous forme d’ATP (adénosine triphosphate).
  • Le sommeil lent léger rééquilibre, d’après le Pr Bedat, le niveau sodium-potassium de la cellule qui est la cause principale de la fatigue mentale durant l’éveil (ondes Béta).
  • La privation de sommeil a montré le rôle du sommeil pour la mémorisation, l’apprentissage ou l’orientation. Les données d’imagerie décrivent qu’un nouvel apprentissage est associé, au cours de la nuit suivante, à l’augmentation du nombre d’épines dendritiques (excroissances des neurones).
  • La production de certains médiateurs de l’immunité aurait un rythme circadien. La production de cellules immunitaires (leucocytes, lymphocytes NK) serait meilleure si le sommeil est bon. Les médiateurs de l’immunité pro-inflammatoire (interleukine 1, TNF alpha…) lors de certains épisodes infectieux viraux ou bactériens favoriseraient l’allongement de la durée de sommeil.
  • De récentes recherches en neurologie ont révélé que les neurones étaient nettoyés pendant le sommeil profond par le liquide cérébrospinal et non via le système lymphatique.

Conséquences d’une mauvaise qualité et/ou quantité de sommeil d’après les observations épidémiologique

1. Une accentuation du risque :

  • D’irritabilité, de céphalées et de dépression.
  • De troubles de la pensée : ralentissement du raisonnement, oublis des faits récents, difficultés à se projeter dans le futur, préoccupation de la routine quotidienne.
  • D’hypercholestérolémie, de tachycardie et de maladie cardiovasculaire (hypertension artérielle, accident vasculaire cérébral).
  • De douleurs et d’ulcères de l’estomac.
  • D’infection.

2. Une augmentation de la fréquence des cancers chez les travailleurs de nuit. Le surrisque de cancers du sein, de la prostate ou du côlon pourraient être liés à une baisse de l’immunité et à une désynchronisation du rythme circadien.

3. Une perturbation du rythme circadien qui régule la synthèse de certaines hormones comme le cortisol ou l’hormone de croissance, impliquées dans le métabolisme du glucose. Ce phénomène favoriserait l’apparition d’une intolérance au glucose et l’évolution progressive vers le diabète de type 2. Des nuits de moins de 6h augmentent le diabète de type 2 de 28%.

4. Une augmentation de la sensation de faim due à la variation des hormones qui la régulent (leptine, ghréline, orexine). L’augmentation des apports et la fatigue se traduisent par une baisse des dépenses énergétiques et un risque de prise de poids. Il existe une corrélation entre la durée de sommeil moyenne d’une population et son indice de masse corporelle (IMC).

5. Un déficit d’attention. En Europe, la somnolence est responsable de 20% des accidents mortels de la circulation. En France, elle est la première cause d’accident sur autorout

    Pourquoi nous endormons-nous ?

    Des facteurs convergents enclenchent la phase d’endormissement :

    1. La période de veille entraîne le besoin de dormir :
      • Lors de l’éveil, l’activité consomme de l’énergie sous forme d’ATP qui se dégrade en adénosine (ADP). L’adénosine a un rôle essentiel. Son augmentation, de plus en plus importante au cours de la journée, inhibe les cellules cérébrales et entraîne un ralentissement de l’activité mentale et un endormissement le soir.
      • Le centre de recherche en neurosciences de Lyon explore le sommeil et montre que c’est l’accumulation de substances « hypnogènes » durant les 16 heures de la journée qui induisent une envie de dormir.

    2. Les rythmes biologiques naturels qui régissent notre vie et notre santé (la chronobiologie), synchronisent l’organisme sur l’alternance jour-nuit :

    Plusieurs facteurs interviennent :

      • Les cellules ganglionnaires à mélanopsine (pigment photosensible) de la rétine ont un rôle sur l’induction du sommeil.
        Elles transmettent l’information sur l’alternance jour-nuit au cerveau grâce aux cycles naturels de la lumière du soleil. La 
        sérotonine stimule l’aire préoptique qui inhibe le réseau de l’éveil. L usage tardif d’écrans ou de lumière LED, riches en lumière bleue perturbe ces cellules rétiniennes.
      • La mélatonine a un effet prépondérant sur la synchronisation du cycle veille/sommeil et la baisse nocturne de la température corporelle. Sa synthèse est contrôlée à la fois par l’horloge circadienne interne et par la lumière reçue par les cellules rétiniennes et dépend de la durée du jour donc des saisons. La sécrétion de la mélatonine démarre à la tombée de la nuit par la glande pinéale et s’arrête au lever du jour (souvent décrite comme l’hormone de l’obscurité). Elle favorise l’endormissement. Au matin, la mélatonine reflue et l’horloge se place en position éveil.
      • Des gènes horloges s’expriment selon l’information lumineuse reçue par les cellules rétiniennes, la mélatonine et d’autres facteurs synchroniseurs (activité physique, prise alimentaire…) au niveau des noyaux suprachiasmatiques. Ces noyaux peuvent libérer certains peptides dans le liquide céphalo-rachidien, comme l’arginine vasopressine pendant le jour et du VIP (vasoactive intestinal peptide) pendant la nuit. Ces peptides peuvent faciliter les processus d’éveil et d’endormissement. Ces noyaux suprachiasmatiques sont innervés par les cellules nerveuses sérotoninergiques et la sérotonine semble indispensable à la synthèse du VIP.

      Conclusion

      Le sommeil est primordial pour récupérer, mémoriser, immuniser et maintenir un équilibre. Notre horloge interne est un organisateur des moments de veille et de sommeil qui fonctionne parfaitement normalement. Notre hygiène de vie est capitale et permet d’accompagner l’endormissement le soir. Pour les insomnies légères ou profondes, la méthode « Sommeil de rêve » est une véritable rééducation de vos cycles et de vos nuits. 

        Références
        Luppi PH. Sommeil, faire la lumière sur notre activité nocturne ; Inserm ; 2017.
        Pr Bedat D. Les nouvelles sciences de la Santé ; 2016 ; 224p.
        Valatz JL. Mécanismes du cycle veille-sommeil-rêve ; La revue du praticien 1996 ; 46 : 2404-10

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          des nuits bénéfiques et des journées heureuses.